Eric Verdier Côtes de Provence "Dodécaèdre" 2015

"Si l’admirable Virant 2015 Eric Verdier est un colosse qui émerveille la langue par sa densité et sa sapidité, rivalisant ainsi avec les plus grandes cuvées du moment, le DODECAEDRE, lui, est dans un registre plus subtil où c’est la marque du terroir, la nature complexe du sol qui vient s’imprimer sur les bourgeons gustatifs. Quand Virant s’impose par ses extraits secs, par la puissance de ses tanins extrêmement concentrés, la cuvée Dodécaèdre, elle, se révèle dans la minéralité intrinsèque du vin qui a solubilisé, condensé et liquéfié l’ensemble des composés organiques qui le constituent. C’est un tout homogène qui offre au palais de multiples sensations ; suave à l’attaque en bouche, gouteux dès la première humectation, intense dès que la langue eut décodé l’incroyable complexité des messages qu’elle reçoit…

En quelques secondes, vous vous régalerez en découvrant les mystères cachés d’un terroir aussi banal à la vue qu’il est spectaculaire pour la langue ! Cette petite vigne, humble, qui est posée là, en dévotion devant la majestueuse Sainte Victoire, cache son secret à la vue des hommes. Ici on ne lève pas la tête, on doit creuser, carotter pour comprendre... De cette couche de roche, se dessine un galimatias minéral unique où les racines de la vigne vont plonger jusqu’à environ 1,5 m de profondeur pour se sustenter de ce qu’il faut de nutriment pour croître et offrir des raisins à la composition parfaite.

Le terroir de « Bendel » est profond ; argile et sable sur une pierrosité moyenne. A la vue, le sol est brun foncé à la nuance rouille. Sur presque deux mètres de profondeur, les racines peuvent tracer un sillon grâce à un bon drainage du sous-sol. Le premier mètre nourricier est riche en calcaire plus ou moins décomposé qui se mêle à un sable argileux et à des cailloux de forme plate. Le tout semble bien compact, mais il laisse la place au racinaire qui plonge à plus d’un mètre pour se gorger encore de cette nourriture géologique à la fois compacte et friable. Cabernet Sauvignon et Syrah se délectent ici, atteignant une belle maturité physiologique (sans jamais être en surmaturité qui oblitèrerait fragrance complexe et finesse des tanins), une acidité parfaite et une balance organoleptique unique."

Eric Verdier