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Vins de Côte-Rôtie
22 vins disponibles
Accrochée à des pentes si raides qu'on se demande comment les vignerons tiennent debout, Côte-Rôtie incarne tout ce que la Syrah peut offrir de plus élégant, de plus complexe, de plus troublant. Cette toute petite appellation de 280 hectares, étalée sur trois communes au nord de la vallée du Rhône, produit certains des vins les plus fascinants de France. Ici, pas de tracteur : tout se fait à la main, à la sueur, sur des terrasses étroites où chaque pied de vigne compte.
Le vignoble se divise traditionnellement entre Côte Brune et Côte Blonde, deux versants qui racontent deux histoires de sol. Au nord, la Côte Brune affiche des schistes sombres riches en oxyde de fer : les vins y sont puissants, tanniques, structurés pour la longue garde. Au sud, la Côte Blonde repose sur des sols plus clairs, gneissiques et calcaires : on y trouve davantage de finesse, de parfum, d'élégance immédiate. La plupart des vignerons assemblent les deux pour jouer sur la complémentarité. Particularité locale : on peut ajouter jusqu'à 20% de Viognier, ce cépage blanc qui apporte une touche florale et soyeuse aux rouges. Résultat ? Des vins d'une complexité folle, entre fruits noirs, violette, lard fumé, olive noire, et cette tension minérale qui signe le granit.
Les grands noms de l'appellation ont façonné sa légende. Georges Vernay, disparu en 2017, fut l'un des pionniers de la renaissance de Côte-Rôtie dans les années 50 : ses cuvées de Côte Blonde restent des références d'élégance. René Rostaing, qui a repris une partie des vignes de son beau-père Marius Gentaz, signe des vins profonds, racés, capables de vieillir trente ans et plus. Le domaine Jamet, véritable institution familiale, vinifie avec une exigence rare : ses cuvées affichent une pureté de fruit et une structure tannique impressionnantes, construites pour traverser les décennies.
Jean-Michel Gerin a su moderniser l'approche de l'appellation sans rien perdre de son âme : ses vins marient la puissance du terroir à une texture veloutée qui les rend accessibles plus jeunes. Quant à Pierre-Jean Villa, jeune vigneron déjà remarqué, il cultive l'excellence sur plusieurs parcelles : ses cuvées jouent la carte de la précision, de la pureté, avec une maîtrise de l'élevage qui impressionne.
Côte-Rôtie, c'est du vin de contemplation. Pas le genre de bouteille qu'on ouvre un mardi soir devant la télé. On est sur des rouges qui demandent du temps, de l'attention, une belle pièce de viande ou un gibier à la hauteur. Et surtout de la patience : les grands millésimes ne commencent vraiment à s'ouvrir qu'après dix ans, et peuvent facilement tenir vingt, trente, parfois quarante ans en cave. Une appellation vertigineuse, à tous points de vue.